"Avec lui, c'est carré": qui est Fabrice Bocquet, le futur président de l'OGC Nice?

Jean-Pierre Rivère n’aurait pas laissé son Gym aux mains de n’importe qui. Et on peut donc lui faire confiance quand il dit adhérer complètement à la décision d’Ineos d’avoir fait de Fabrice Bocquet son successeur.
"Il est très compétent et a su, en trois ans, structurer le club. Aujourd’hui, tout est tracé pour Nice", assure le futur ex-président, qui œuvrera toujours pour le club mais via le fonds de dotation.
Depuis l’arrivée du DG fin 2022, JPR avait pris du recul dans la gestion des affaires courantes et l’organisation ne sera donc pas chamboulée après la passation de pouvoir prévue le 20 août. "C’est une évolution, pas une révolution", confirmait vendredi à la presse Fabrice Bocquet.
"Avec lui, c’est carré"A 42 ans, le diplômé d’HEC va vivre une nouvelle étape excitante de sa carrière et à écouter ceux qui l’accompagnent au quotidien dans son aventure niçoise, ce n’est pas immérité.
"S’il y a quelqu’un qui devait prendre la suite de Jean-Pierre, c’est la logique même que ce soit Fabrice, qui avait déjà un rôle très important sur le plan opérationnel et sur le plan stratégique", commente le coach Franck Haise.
"Travailler avec Fabrice, c’est agréable parce que les choses sont carrées. Les discussions sont étayées. Quand il dit oui, il y a du sens, quand il dit non ce n’est jamais pour rien".
Si le coach et le futur PDG se connaissaient déjà de leur période lorientaise (2015-2017), le directeur sportif Florian Maurice le découvre depuis un an.
"On a bien accroché. J’en ai croisé des gens compétents dans ma carrière mais lui franchement, il est brillant." En cette période de mercato, les rôles sont clairs.
"Moi je suis très ancré sur l’aspect sportif, les joueurs, l’intégration, les premiers contacts. J’ai beaucoup d’autonomie par rapport à ça. Mais quand il s’agit de conclure quand ça coince un peu, Fabrice est d’un soutien indéfectible", explique le DS, ravi du fort alignement entre les figures majeures du club, même "dans les moments plus difficiles".
La situation économique du foot français ne facilite pas les choses et si Fabrice Bocquet a gagné à ce point la confiance d’Ineos, c’est parce qu’il a prouvé sa capacité à emmener l’OGC Nice vers un fonctionnement plus vertueux. La route est encore longue et elle n’a pas été sans casse, ce qui a pu provoquer la rancune d’ex-salariés.
Certains proches confirment qu’il peut être assez dur et sec parfois. Expliquent qu’il recherche avant tout l’authenticité dans les échanges, quitte à dire (mais aussi entendre) des vérités pas toujours agréables. Avec le but de toujours s’améliorer.
"Il fait partie des meilleurs"Nos nombreux interlocuteurs évoquent un homme sain, droit, fidèle et engagé. Parfois susceptible, toujours dans le challenge avec ses équipes, et déroutant dans la maîtrise extrême de ses sentiments.
"À l’époque, j’aurais aimé que ses émotions s’ouvrent, qu’il se laisse vibrer. Mais avec le recul, j’ai découvert quelqu’un de très attachant", confie Mickaël Landreau, qui a vécu à ses côtés sa première expérience de coach à Lorient (2017-2019).
Son identité (il est Franco-colombien) et ses expériences professionnelles chez les Merlus (où il aura été directeur financier puis DG) ainsi que dans des institutions reconnues telles que le cabinet de conseil en stratégie McKinsey, pour lequel il a notamment travaillé sur le business plan du nouveau stade d’un très grand club européen, l’ont façonné.
Avant de rejoindre Nice, il avait aussi piloté de nombreuses missions auprès de l’Arabie saoudite et des institutions européennes (Fifa, Uefa) pour Portas Consulting.
"C’est quelqu’un qui a une grosse expérience, en France et à l’étranger, ainsi qu’une vraie vision stratégique. Il est complet parce qu’il maîtrise autant la partie financière que sportive. Il fait pour moi partie des meilleurs", analyse le directeur sportif de l’USL Dunkerque et ex-international sénégalais Demba Ba.
Leader par le travailLes deux hommes ont renoué le contact des années après avoir évolué ensemble dans le club de Montrouge. L’ancien joueur de Chelsea devait avoir 18 ans (il en a 40 désormais) mais il se souvient qu’il avait mis pas mal de buts à son aîné gardien de but.
Car au-delà du technocrate, reproche de certains détracteurs, Fabrice Bocquet est aussi un passionné de football, toujours très connecté au monde amateur. C’est avec l’idée de devenir un joueur professionnel qu’il a quitté Bogota, où il a passé son Bac, pour revenir en France.
Il touchera à ses limites dans un effectif de National (à Clermont Foot) mais c’est dans le costume de président qu’il va tenter de décrocher la Ligue des champions avec l’OGC Nice.
Une trajectoire qui ravit mais n’étonne pas Clarisse Magnin, la première femme directrice générale de McKinsey en France.
"Ce qui m’avait marqué, c’est qu’il était très équilibré. McKinsey, ce n’était pas réputé pour être le Club Med. Mais lui avait eu le courage de mettre des limites, c’était hors de question de compromettre le fait d’être un bon mari, un bon père (il a trois filles). Il a parfois eu des dossiers difficiles à gérer mais il l’a toujours fait avec de la sérénité. C’est une force tranquille, quelqu’un qui ne va pas donner des coups de coude pour être devant. Il a toujours avancé par son travail".
Nice Matin